Conférences pour les 80 ans du LSD

Programme français

Lieu: Hôtel Hofmatt, 4142 Basel-Münchenstein

Titre de la conférenceIntervenant(e) – voir description ci-dessous
08.15 – 09.30Arrivée
09.30 – 10.00
Mots de bienvenue
Peter Gasser, Constanze Weigle, Marion Neumann und Ansgar Rougemont-Bücking
Anna Rickli (Office Fédéral de la Santé Publique)
10.00 – 10.50Quel traitement pour la souffrance psycho-spirituelle de fin de vie : abolition ou transcendance de la conscience ?Michael Ljuslin
10.50 – 11.40Mécanismes neurobiologiques des psychédéliques : quel impact sur la question de la culture de conscience ?Ansgar Rougemont-Bücking
11.40 – 12.00Pause
12.00 – 12.50Kétamine: la petite sœur (moins troublante) du LSD ?Catherine Duffour
12.50 – 14.30Pause lunch
14.30 – 15.20La sagesse interdit : un voyage a l’origine du sentiment spirituelStephan Schillinger
15.20 – 16.10Quelle place pour les professionnels non-médecins dans la consolidation des thérapies psychédéliques ?Dahlila Spagnuolo
16.10 – 16.30Pause
16.30 – 18.00Podium d’étiqueModération : Marion Neumann
Avec tous les intervenants de la journée
Quels enjeux pour l‘implémentation des psychédéliques en médecine et en société ? Est-ce que les agendas sont compatibles ?
18.00 – 19.15Pause
19.15 – 20.15Voyage SonoreHeike & Peter Heß und Joel Olivé
Dès 20.30Party avec les Neuronautes !Luzi Bader & Bruno Haag

PETER GASSER (CH)

Dr méd., né en 1960, marié, trois enfants. Médecin psychiatre et psychothérapeute, il exerce dans son propre cabinet à Soleure, en Suisse. Il a été formé aux méthodes psychodynamiques ainsi qu’à la thérapie avec des médicaments modifiant l’état de conscience, c’est-à-dire à la thérapie psycholytique ou psychédélique. Il est membre de l’Association médicale suisse pour la thérapie psycholytique depuis 1992 et en est le président depuis 1996 (SÄPT). Après 2007, il a mené deux études sur la thérapie assistée par le LSD chez des patients souffrant d’anxiété due à des maladies potentiellement mortelles. Depuis 2014, il possède des autorisations au cas par cas des autorités sanitaires suisses pour la thérapie avec des substances modifiant l’état de conscience.

CONSTANZE WEIGLE (DE)

Diplômée en psychologie, exerce dans son propre cabinet à Aalen (D) en tant que psychologue psychothérapeute pour la psychothérapie fondée sur la psychodynamique et la psychothérapie corporelle. Depuis 1988, elle s’intéresse à l’utilisation thérapeutique des substances psychoactives, d’abord dans sa thèse sur le potentiel addictif du MDMA en fonction de la dose, du set et du setting. Elle est co-auteur de « MDMA, die psychoaktive Substanz für Therapie, Ritual und Rekreation ». Après avoir été membre du Collegium européen pour l’étude de la conscience, elle est membre de l’Association médicale suisse pour la thérapie psycholytique depuis 2013, et coprésidente depuis 2022 (SÄPT).

MARION NEUMANN

Marion Neumann est une artiste d’origine allemande vivant à Genève et à Bâle. „The Mushroom Speaks“, son deuxième documentaire, relate les capacités uniques développées par le règne fongique. En tant que membre fondatrice de l’association psychédélique de Suisse, Eleusis Society, elle s’engage pour une meilleure compréhension de la psychonautique et pour l’intégration des expériences des états de conscience modifiés engendrés par les pratiques de la pleine conscience ou par l’utilisation intentionnelle de substances. Ainsi son approche artistique se nourrit d’influences et questionnements qui émergent aux frontières de l’expérience humaine, de la science, de la poésie et des thèmes sociaux contemporains.

ANSGAR ROUGEMONT-BÜCKING

Ansgar Rougemont-Bücking, MD, Priv.-Doc., est psychiatre et psychothérapeute. Originaire d’Allemagne, il vit depuis plus de 20 ans en Suisse romande. Il a mené des recherches dans différentes universités, dont Harvard, sur les mécanismes neurobiologiques qui contribuent au développement des troubles post-traumatiques et de l’addiction. En tant que clinicien, il est spécialisé dans le traitement des troubles susmentionnés. Actuellement, il mène un projet de recherche à l’Université de Fribourg (Suisse) sur le thème du burnout. Avec une autorisation spéciale de l’Office fédéral de la santé publique, il mène des thérapies assistées par des substances psychédéliques.

Mécanismes neurobiologiques des psychédéliques : quel impact sur la question de la culture de conscience ?

Au niveau neurobiologique, les substances psychédéliques modifient la communication entre les centres cérébraux, ce qui permet un flux d’information inédit et curatif. D’un point de vue phénoménologique, ce processus peut être compris comme une recontextualisation : Un nouveau regard sur « l’ici et maintenant » devient possible, révélant des évidences à la fois libératrices et effrayantes. Ces prises de conscience ne concernent pas seulement la réalité de l’individu, mais aussi celle du collectif. La question se pose donc de savoir quoi faire de ces aperçus au quotidien. Ceci est le domaine de l’intégration. La culture de la conscience est une méthode qui aide à l’intégration. Il s’agit d’atteindre la plus grande autonomie possible pour l’expérience de sa propre conscience au niveau intellectuel et émotionnel et d’assumer la responsabilité pour sa vie. L’exposé met en lumière différents aspects de la culture de la conscience en tant que composante élémentaire d’un processus de transformation qui peut – bien sûr – également avoir lieu en dehors de l’expérience psychédélique.

MICHAEL LJUSLIN

Dr. Michael Ljuslin, médecin interniste de formation, vient de terminer un approfondissement en soins palliatifs et travaille à nouveau en qualité de chef de clinique au sein du Service de médecine palliative des HUGs, après une année de recherche à Harvard sur l’utilisation de la psilocybine pour la détresse psychoexistentielle de fin de vie. Il a une expérience en pharmaco-toxicologie, en addictologie et en médecine tropicale-humanitaire, avec plusieurs missions à l’étranger pour le compte du CICR. Il nourrit un intérêt particulier pour les interventions non-médicamenteuses ou complémentaires. Il s’intéresse ainsi à promouvoir la résilience, la salutogénèse et la spiritualité dans la détresse psychiatrique, existentielle et spirituelle. Cette mobilisation de ressources cherche à recruter les facteurs personnels (et transpersonnels) qui alimentent la capacité innée des individus à renforcer, reconstruire leur propre santé, à sortir d’impasses psychiques ou physiques et de guérir.  Il plaide ainsi pour une médecine qui ne capitalise pas sur la maladie mais capacite les individus dans leurs maladies. Le potentiel prometteur des psychothérapies assistées par psychédélique est au cœur de cette révolution qu’il souhaite à la médecine moderne.

« Nous ne sommes pas là pour guérir de nos maladies, mais nos maladies sont là pour nous guérir ! » C.G Jung.

Quel traitement pour la souffrance psycho-spirituelle de fin de vie : abolition ou transcendance de la conscience ?

La souffrance humaine a été le combat des médecines dès leur origine depuis des temps immémoriaux. Elles ont amassé à travers les millénaires une sagesse empirique manifeste et une connaissance des outils offerts par la Nature et ses plantes. La classification de la morphine comme « stupéfiant » en 1916 par l’Occident l’a fait oublier de l’arsenal thérapeutique pendant plus de 70 ans. Elle est finalement réhabilitée à la fin du 20ème siècle et reste à l’heure actuelle un des meilleurs outils pour mitiger la douleur physique, somatique.

Le concept de « douleur totale » développé par Cicely Saunders, dans l’émergence du mouvement palliatif au milieu des années 1960, est venu étoffer le combat contre la douleur physique d’au moins trois dimensions supplémentaires : sa composante psychologique, sociale et spirituelle. Malgré des décades de recherche palliative, aucun traitement ne s’est révélé cliniquement suffisamment pertinent pour soulager ces dimensions. A tel point que dans des situations réfractaires de souffrance socio-psycho-spirituelle, certain-es praticien-nes en soins palliatifs préconisent l’utilisation de la sédation palliative pour réduire cette souffrance au prix de l’abolition de la conscience de l’individu souvent jusqu’au terme de sa vie. Cette approche d’étouffement sans résolution de la souffrance socio-psycho-spirituelle reste contestée et débattue dans la littérature bio-éthico-médicale.

L’engouement scientifique actuel pour la recherche en psychothérapie assistée par psychédélique, également détournée de l’arsenal thérapeutique médical moderne pendant plus de 50 ans, vient apporter une possible solution alternative à cette impasse clinique et narrative ; et cela en ravivant la conscience de l’individu et en mobilisant son potentiel de transcendance. Sera-t-elle une thérapeutique suffisamment efficace et accessible pour tout le monde ?

CATHERINE DUFFOUR

Originaire de Corée du sud et ayant grandi en Suisse, Catherine Duffour, a pu cultiver cette double appartenance :  une vision globale de la vie, une sensibilité pour les mondes invisibles et les états de conscience modifiés (ECM) avec une éducation européenne et une formation académique classique. En 2017, elle crée CXIO, fondation reconnue d’utilité publique, soutenant une approche intégrative de la santé. Médecin psychiatre, familière des ECM depuis plusieurs années (méditation, hypnose, respiration, jeûne thérapeutique) et en possession d’une autorisation des autorités sanitaires suisses, elle réalise les thérapies psychédéliques à son cabinet. Cette approche lui permet de réunir une pratique médicale pharmacologique, avec une approche relationnelle et psychothérapeutique, ainsi que de questionner les notions de spiritualité et de Conscience.

Kétamine: la petite sœur (moins troublante) du LSD ?

La kétamine est utilisée depuis les années 60 dans le domaine de l’anesthésie. Cette substance dissociative a une marge de sécurité relativement large. Son potentiel addictif, évoqué surtout dans des contextes de fêtes, est souvent présenté dans la presse grand public. Pourtant, il est admis que cette molécule soit utilisée en « off label » en psychiatrie. La kétamine possède des vertus thérapeutiques considérables pour différentes indications psychiatriques (dépression chronique, ESPT). Tout thérapeute s’intéressant aux thérapies psychédéliques devrait connaître cette substance en raison de sa facilité d’accès, de son coût peu important, de son effet rapide, de la courte durée des (éventuels) effets indésirables et de son pouvoir introspectif. Avant d’initier une thérapie psychédélique à base de LSD, dont les séances sont particulièrement longues, énergivores et très coûteuses, une idée serait de réaliser des séances préliminaires avec cette molécule. Cette conférence abordera les différentes questions qui se posent quant à l’utilisation de ce médicament dans la pratique psychiatrique courante.

STEPHAN SCHILLINGER

Passionné de spiritualité et de psychologie jungienne & transpersonnelle, Stephan Schilling est auteur et conférencier. Suivi par plus de 100.000 personnes sur les réseaux sociaux, il est auteur de « La Sagesse Interdite ». Ses conférences explorent l’histoire spirituelle et l’impact fondamental des psychédéliques & des enthéogènes dans les religions et les traditions spirituelles depuis des millénaires.

La sagesse interdit : un voyage a l’origine du sentiment spirituel

Des breuvages mythiques décrits dans les textes fondateurs des religions orientales aux états modifiés de conscience des plus grands prophètes, en passant par la nature originelle de l’eucharistie chrètienne, nous explorons ce qu’Huston Smith, l’historien religieux le plus influent du XXe siècle, appelait „le secret le mieux gardé de l’histoire“. Rigoureusement et abondamment sourcée, cette conference explore des questions et des hypothèses révolutionnaires sur la nature de la réalité et des expériences psychédéliques permettant d’accéder aux états de conscience élargis présentées ici comme l’origine du sentiment spirituel.

DAHLILA SPAGNUOLO

Dahlila Spagnuolo, psychologue de formation utilise les états modifiés de conscience et les techniques psycho-corporelles dans sa pratique privée à Fribourg. Elle s’est formée à l’hypnose régressive, au respirations holotropiques et au chamanisme. Dans le cadre de thèse de doctorat, elle accompagne également des personnes qui ont vécu des expériences extraordinaires, ainsi que celles et ceux qui ont besoin d’intégration après avoir vécu un voyage psychédélique. 

Quelle place pour les professionnels non-médecins dans la consolidation des thérapies psychédéliques ?

A l’heure actuelle, les psychédéliques peuvent être utilisés légalement dans le cadre scientifique et médical uniquement sur autorisation de l’Office Fédérale de la Santé Publique (OFSP) obtenue par les médecins. Alors comment faire si vous êtes psychologue, infirmier-ère, ethnologue, étudiant-e ou psychonaute et que vous souhaitez contribuer à ce type d’accompagnement ? Nous verrons ensemble quelles solutions s’offrent à vous. Quelles sont les qualités requises et essentielles pour guider de manière thérapeutique une personne avec des psychédéliques ? Au-delà des diplômes universitaires et des formations en traumatologie, il pourrait être nécessaire, voir primordial de posséder également de l’expérience en psychologie transpersonnelle et des connaissances sur les états altérés de conscience, voir même transcendantaux. En effet, il n’est pas rare de vivre un état mystique ou paroxystique durant une séance de thérapie assistée par substances. Des changements radicaux, des prises de conscience difficiles à gérer et des remises en question existentielles peuvent en découler. Les conséquences qui s’observent à la suite d’un voyage intense ne sont pas à négliger et apparaissent comme tout aussi importantes à encadrer. A ce sujet, je vous parlerai des témoignages de patient-e-s à qui je propose des suivis d’intégration des expériences psychédéliques et comment j’ai adapté mes outils et cadre de référence pour accueillir leurs précieux récits.


Pour la partie germanophone, vous trouverez toutes les informations complémentaires à cette adresse : bicycleday.ch

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